Franc-Nohain (1872 - 1934)

Flûtes

Seul « poète amorphe » de notre littérature selon François Caradec, Franc-Nohain, de son vrai nom Maurice Legrand joue sur le registre de l'absurde désinvolte dans la lignée d'un Alphonse Allais. Ici, nulle force tellurique agitant les profondeurs de l'âme et présidant aux épanchements du poète, mais poésie fantaisiste du quotidien, héritage, sans doute, de l'esprit fumiste fin-de-siècle.

Bijoux d'humour et jeux de mots

Dès 1891, Franc-Nohain confit à la Revue du Chat Noir son joyeux bric-à-brac de calembours et autres potacheries qui le tirent de l'anonymat et lui vaudront le surnom d' « Aristophane à effets fragmentés ». Il commence sa collaboration à La Revue Blanche en 1898 y donnant un article (d'autres suivront en 1899) et l'ouvrage que nous présentons : Flûtes dont les poèmes amorphes feront la joie du docteur Faustroll.

Impossible de résumer ces poèmes en quelques mots. Nous pouvons cependant donner une idée de leur tonalité en citant quelques titres : La singulière distraction du chef de gare - La grenouille et l'amateur de photographie - Ronde pour ceux qui n'étaient pas du dîner - Histoire de la vieille dame très dévote - Le soleil et les quatre jeunes filles - Nostalgie de billard

Tout au long de sa vie, Franc-Nohain conserve le talent de transcender le quotidien. Avec lui, la banalité devient poésie. La drôlerie et la moquerie qui émanent de ses bijoux d'humour et jeux de mots ne sont jamais blessants.  

Notre exemplaire porte un envoi autographe signé de l'auteur à Jean de Tinan, mort à 24 ans, nègre dans l'atelier d'écriture de Willy et écrivain ne menant que très rarement ses projets à terme. Les deux hommes se rencontrent chez Pierre Louÿs. Tinan, ravi, connaissait par cœur nombre de vers de Franc-Nohain à commencer par Benjamin, chanson bachique et le trop fameux Trois chansons à la charcutière, mis en musique par Terrasse et illustré par Bonnard pour les besoins du Théâtre des pantins

Il faudra attendre près de 70 ans pour qu'enfin la poésie charcutière retrouve ses lettres de noblesse grâce à Boby Lapointe et son Saucisson de cheval, un mets raffiné que n'aurait certainement pas boudé Franc-Nohain tant la filiation semble évidente. Mais c'est là une autre histoire.

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