
20
JUIN
2025
Octave Mirbeau
L'homme qui aimait le scandale
Prototype de l'écrivain engagé, anarchiste et individualiste, partout où un scandale devait être étouffé, Octave Mirbeau (1848-1917) était là pour démasquer de sa plume acérée la morale mensongère de la bourgeoisie et des autorités de l'État.
Peu d'écrivains français fin-de-siècle se sont élevés avec autant de véhémence contre les magouilles politiques et le désordre social.



Le Tourmenteur de la Belle Époque
Un sens aigüe de la justice
Ayant défendu et publié des positions violemment antisémites, par exemple dans l'hebdomadaire « Les Grimaces » qu'il dirigeait, un travail que l'on peut qualifier de prostitution de plume pour entretenir sa maîtresse Judith Vimmer, Mirbeau effectue après leur rupture un grand virage en 1885 qui le place à gauche, combattant pour les démunis.
Il revint résolument sur ce positionnement à partir de 1895 dans le contexte de l'affaire Dreyfus. Il lutta sur le plan journalistique pour les droits d'Alfred Dreyfus contre sa condamnation à motivation antisémite jusqu'à régler l'amende à laquelle Émile Zola avait été condamné pour son écrit « J'accuse », destiné à informer le public sur les véritables dessous de l'affaire.
Donner la parole à ceux qui en sont privés
Au sommet de sa gloire littéraire et de son impact journalistique, et ce malgré une longue et grave crise dépressif, Mirbeau publie entre 1894 et 1904 six petites pièces de théâtre, des farces qui le familiarisent avec ce mode d'expression qui lui convient si bien.
« Le Portefeuille », par exemple, inspiré d’un fait divers paru sous le même titre dans « Le Journal » du 23 juin 1901, représente une nuit dans un commissariat de police parisien, où le commissaire se fait, comme tous les soirs, amener sa maîtresse par deux de ses agents. Par la suite, un vieux mendiant apporte un portefeuille bourré de gros billets qu’il a trouvé sur le trottoir. D'abord félicité comme un héros, l'affaire tourne rapidement mal pour ce pauvre homme honnête.
Rappellons également « Le journal d'une femme de chambre » (1900) ou « Les Affaires sont les affaires » (1903) où il critique ouvertement des maux sociaux de son époque qui trouve d'étranges résonances avec le monde d'aujourd'hui.